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Imagines un sentier battu.

C'est un endroit où il y a du passage. Les gens connaissent le chemin. Pis, de toute façon, c'est fléché, tu peux pas te gourer. Alors, tout le monde passe par là. C'est pratique.

Maintenant, imagines un mec qui en sort.
Le mec, il se dit:
_ ouais ! Les sentiers battus ! Toujours les sentiers battus ! Y en a marre ! Moi j'aimerai bien savoir ce qu'il y a en dehors.
Alors, il sort.

Sauf qu'en dehors des sentiers battus, c'est pas de sentier du tout. C'est la jungle. Y'a des ronces, des moustiques (ça pique), des marécages, des crocodiles et tout et tout. Le mec, il galère. Faut qu'il se fasse son sentier lui-même. Il avance doucement sans trop savoir où il va. Il est en mode «recherche».
Pendant ce temps là, les autres, qui sont restés sur le sentier, se foutent de sa gueule.
_ non mais regardez moi celui-là ! Qu'est ce qu'il est allé s'empetrer là bas dedans ? Mais tu vois pas que c'est par là, non ?
Et l'autre, de répondre entre deux coups de machette :
_non mais... laissez ! C'est un délire que je me fait. Je veux essayer un truc.
Mais les autres ne comprennent pas. C'est si facile, si agréable, si confortable de suivre ce beau sentier bien droit. Et puis, tout le monde fait comme ça. C'est, dans tous les sens du terme, le bon sens même.
_ cet homme ne doit certainement pas jouir de toutes ses facultés intellectuelles.
Ils vont commencer à médire à son sujet car, comme l'a dit le poète :« les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux».
Mais le mec qui est sorti du sentier ne lâche pas l'affaire. Il continue son périple solitaire.

Des fois, il trouve rien.

Il se retrouve dans une impasse et doit faire demi-tour. Des fois (pire !) Il tombe dans des sables mouvants. Il s'enlise et est obligé d'appeller les autres à sa rescousse pour le sortir de là. Alors là, c'est la honte suprême. Et les autres s'en donnent à coeur joie, bien sur.
_ mais qu'est ce que tu es allé te fourrer là bas dedans aussi ? On t'avait bien dit de pas y aller. Y'a rien du tout par là (alors qu'ils n'en savent rien). Si on a fait un chemin, c'est pas pour rien. Etc, etc...
L'autre a envie de leur écraser la gueule à coup de pelle mais il ne dit rien. Il ravale sa morgue et retourne sur le sentier rejoindre le troupeau. Plus tard, cela restera un sujet de plaisanterie. On parlera d'une erreur de jeunesse ou d'une errance due à un abus d'alcool de prune.

Mais, quelquefois, il tombe sur quelque chose.

Et même, des fois, c'est quelque chose d'intéressant. Et d'inedit. Forcément, vu que personne ne va jamais par là. Alors, il prévient les autres.
_ eh, les mecs ! Je crois que j'ai trouvé un truc.
Et tout le monde de s'esbaudir. De pousser des ah! Et des oh! On crie au génie.
_mais où est ce que vous allez chercher votre inspiration ? Ah ! Il fallait y penser.
On encense le héros. Il a le droit à son quart d'heure de gloire. Parfois, si sa découverte est vraiment importante, on lui donne une médaille.
Puis l'on s'empresse de battre un nouveau sentier tout neuf afin de relier ce nouvel eldorado au sentier précédent.
Moralité : a ton avis ?

Petite chanson

Quand on est hors des sentiers battus
On se casse le cul (bis)
Y'a des ronces, des moustiques
Les moustiques ça pique
Faut bien regarder où c'est qu'on met les pieds
Si on veut pas se r'trouver embourbé.

Quand on est hors des sentiers battus
Les gens disent : «que fais tu ?» (bis)
Tu t'es tout égaré
Complètement bourré
Et si tu tiens encore un peu à ta peau
Tu ferais mieux de rejoindre le troupeau.

Quand on est hors des sentiers battus
On s'fait cracher d'ssus (bis)
Non mais oh ! Çà va pas ?
Qui c'est celui là ?
Les braves gens n'apprécient pas que
L'on prenne un autre chemin qu'eux.

Pour être hors des sentiers battus
Faut l'avoir voulu (bis)
C'est tellement plus facile
De rester dans la file
Tout le monde te dit qu'il faut aller tout droit
Alors qu'est ce que tu fous à zigzaguer comme ça ?

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